Comment la psychologie sociale façonne nos relations

La psychologie sociale nous rappelle une chose essentielle : nous ne sommes pas aussi indépendants que nous aimons le croire.

Nous aimons penser que nous sommes libres dans nos décisions et que nos choix sont le fruit d’une réflexion personnelle. Pourtant, la psychologie sociale nous montre une tout autre réalité : nos pensées, nos comportements et même nos émotions sont largement influencés par notre environnement social.

Pourquoi nous habillons-nous d’une certaine façon ? Pourquoi avons-nous tendance à adopter les mêmes opinions que nos proches ? Pourquoi obéissons-nous à des figures d’autorité, même quand nous ne sommes pas totalement d’accord ? Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans les mécanismes étudiés par la psychologie sociale.

Dans cet article, nous explorons trois concepts majeurs qui façonnent nos interactions au quotidien : le conformisme, l’obéissance à l’autorité et la dissonance cognitive. Des expériences marquantes menées par des chercheurs comme Solomon Asch, Stanley Milgram et Leon Festinger vont nous aider à comprendre à quel point nous sommes influencés… parfois sans même nous en rendre compte. Attachez vos ceintures, ça va secouer !

Le conformisme : pourquoi nous suivons le groupe

Des personnes sont assises dans une salle d'attente

Imaginez que vous êtes dans une salle d’attente remplie de personnes que vous ne connaissez pas. Une sonnerie retentit et, à votre grande surprise, tout le monde se lève brièvement avant de se rasseoir. La sonnerie retentit à nouveau et, encore une fois, tout le monde se lève… sauf vous. Combien de temps tiendrez-vous avant d’imiter les autres, même sans en comprendre la raison ?

C’est exactement ce que Solomon Asch a étudié dans son expérience sur le conformisme dans les années 1950. Il a demandé à des participants d’identifier la longueur d’une ligne parmi trois propositions évidentes. Mais il avait placé des complices dans la salle, qui donnaient délibérément une mauvaise réponse. Résultat : dans 75 % des cas, les participants suivaient la majorité, même lorsqu’elle avait tort.

Pourquoi ? Parce que nous sommes des êtres sociaux. Aller à l’encontre du groupe nous met mal à l’aise. Nous préférons souvent nous fondre dans la masse, quitte à renier ce que nous savons être vrai. Ce mécanisme se retrouve partout : dans la mode, dans l’opinion publique, et même en entreprise, où il est parfois difficile de contredire un consensus apparent.

Le conformisme n’est pas toujours négatif. Il permet de créer une harmonie dans les interactions et d’adopter des comportements socialement acceptables. Mais il peut aussi nous amener à suivre aveuglément des idées ou des comportements, simplement parce que « tout le monde le fait ».

L’obéissance à l’autorité : jusqu’où sommes-nous prêts à aller ?

Dans les années 1960, Stanley Milgram a voulu tester jusqu’où les gens iraient pour obéir à une figure d’autorité, même si cela impliquait d’infliger une souffrance à autrui. Il a mis en place une expérience où des volontaires, pensant participer à une étude sur la mémoire, devaient administrer des décharges électriques à un autre participant (en réalité un acteur).

À chaque mauvaise réponse, la tension électrique augmentait. Lorsque la victime simulait des douleurs insupportables, beaucoup de participants hésitaient… mais continuaient tout de même, sous la pression de l’expérimentateur. Résultat glaçant : 65 % des participants sont allés jusqu’au bout, administrant ce qu’ils croyaient être une décharge mortelle.

Un roi (échecs) se tient debout devant des pions inclinés

Cette expérience met en lumière un fait troublant : nous avons tendance à obéir aux figures d’autorité, parfois au mépris de nos propres valeurs. Pourquoi ? Parce que dès notre enfance, nous avons appris à respecter les règles et les ordres. Dans un cadre hiérarchique, nous avons tendance à déléguer notre responsabilité à celui qui donne les instructions.

Cette mécanique se retrouve dans le monde professionnel, où l’on hésite à contredire un supérieur, mais aussi en vente ou en marketing, où une autorité (médecins, experts, célébrités) peut légitimer un produit et influencer notre choix.

La dissonance cognitive : quand nos pensées et nos actions se contredisent

Vous avez déjà acheté un objet dont vous n’aviez pas vraiment besoin, puis passé la semaine suivante à vous convaincre que c’était un excellent achat ? Ce phénomène s’appelle la dissonance cognitive.

Leon Festinger a mis en évidence ce mécanisme psychologique dans les années 1950. Il a montré que lorsque nos actions et nos croyances sont en contradiction, nous ressentons un inconfort mental… et pour le faire disparaître, nous ajustons soit notre comportement, soit nos pensées.

Prenons un exemple concret. Un fumeur sait que la cigarette est mauvaise pour la santé, mais il continue de fumer. Il ressent alors une tension intérieure, car ses actes contredisent ses connaissances. Pour réduire cette dissonance, il va ajuster sa pensée : « De toute façon, tout le monde meurt un jour », « Mon grand-père a fumé toute sa vie et il est mort à 90 ans », ou encore « Ça m’aide à gérer mon stress, donc le bénéfice est plus grand que le risque ».

Ce principe est exploité en marketing et en négociation. Une fois qu’un client a commencé à s’engager (par exemple en testant un produit ou en acceptant un premier petit achat), il aura tendance à justifier et renforcer son choix, plutôt que d’admettre qu’il aurait pu se tromper. C’est aussi pour cela que certaines personnes restent dans des situations inconfortables (emploi, relation, investissement) bien plus longtemps qu’elles ne le devraient : admettre qu’elles ont fait une erreur serait trop difficile à accepter.

Des personnes se parlent dans une salle

La psychologie sociale nous rappelle une chose essentielle : nous ne sommes pas aussi indépendants que nous aimons le croire. Nos comportements, nos décisions et même nos jugements sont influencés par des forces invisibles mais puissantes, qu’il s’agisse du conformisme, de l’autorité ou de la dissonance cognitive.

Si ces mécanismes peuvent parfois nous piéger, les comprendre nous permet aussi de mieux interagir avec les autres et de prendre des décisions plus éclairées. La prochaine fois que vous suivrez une tendance sans trop savoir pourquoi, que vous vous laisserez impressionner par une figure d’autorité ou que vous chercherez à justifier un choix discutable, demandez-vous : est-ce vraiment ma pensée… ou celle que mon environnement m’a soufflée ?

Ces principes sont particulièrement précieux en négociation, où chaque échange repose sur des dynamiques d’influence et de perception. Si vous souhaitez aller plus loin et apprendre à mieux naviguer dans ces jeux relationnels, découvrez ces 10 techniques de négociation inspirées des grands leaders. Vous y trouverez des stratégies concrètes pour tirer parti des mécanismes psychologiques tout en renforçant votre posture et votre impact.

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Emmanuelle Ossola Créatrice de lien(s)
Techniques de vente Formation professionnelle Coaching en entreprise Mentorat
Education: École Professionnelle Commerciale de Lausanne, Université Ouvrière de Genève, L'Académie Zéro Limite, Ludovic Leroux - Pleine Confiance

De libraire à formatrice et maintenant auteur, j'ai transformé chaque défi en tremplin. Aujourd'hui, j'accompagne les talents en Suisse romande, propulsant vendeurs et professionnels vers leur meilleure version d'eux-mêmes.

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